À Brazzaville, le cinéma est encore un rêve fragile. Peu de salles, peu de financements, peu de structures. Mais dans ce paysage encore balbutiant, une voix s’élève avec force et détermination : celle de Pierre-Manau Ngouala. Avec son festival Mwasi, qui s’est déroulé du 25 août au 08 septembre dernier, elle entend placer les femmes au centre du 7ᵉ art congolais, non pas comme simples spectatrices, mais comme créatrices et bâtisseuses d’un cinéma nouveau.
<<Le cinéma est un langage universel, un miroir qui nous permet de nous voir et de nous raconter >>, souligne Pierre- Manau, qui a grandit dans un univers façonné par l’art de conviction. Sa mère, Bill Kouélany, est une artiste de renommée internationale et directrice des Ateliers Sahm. Au milieu des pinceaux et des toiles, Manau trouve d’abord refuge dans la peinture, avant de se laisser séduire par le cinéma.
De cette passion est né <<Mwasi>>, (femme en lingala). Plus qu’un festival, c’est un manifeste : célébrer les femmes du cinéma, qu’elles soient réalisatrices, scénaristes, techniciennes ou actrices. << Les femmes ont des choses à dire, pas seulement sur leurs luttes, mais aussi sur la vie, l’amour, leurs rêves et leurs passions >>, affirme-t-elle.
Dans un pays où de nombreuses cinéastes doivent s’autoproduire avec des moyens dérisoires, <<Mwasi>> apparaît comme une respiration nécessaire. << Le résultat n’est pas toujours parfait, mais l’essentiel est que nous existions à l’écran >>, confie une jeune réalisatrice locale.
Pour les critiques culturelles de Brazzaville, l’initiative de Manau dépasse le simple cadre artistique. <<Ce qu’elle fait, c’est ouvrir des portes. Elle prouve que les femmes ne sont pas seulement spectatrices, mais actrices et bâtisseuses du cinéma congolais >>, souligne Raïssa, observatrice avertie de la scène culturelle.
Si Pierre-Manau a grandi dans un univers artistique transmis par sa mère, elle choisit aujourd’hui de s’affirmer en transformant cet héritage en acte de résistance et en geste politique. Le Congo n’a pas encore d’industries cinématographiques solides. Pourtant, à travers <<Mwasi>>, Pierre-Manau trace une route : celle d’un cinéma où les femmes prennent la lumière.
Son ambition est claire : voir naître une génération de femmes cinéastes qui racontent le Congo avec leurs mots, leurs images, leurs sensibilités. Et à Brazzaville, grâce à des initiatives comme la sienne, le cinéma congolais au féminin commence déjà à écrire ses premières grandes pages.
Annette KOUAMBA MATONDO





