Choléra, shigellose et fièvre typhoïde, une vague épidémique de maladies liées à l’insalubrité, se répand dans le sud du pays depuis un mois. C’est à Dolisie, dans le département de Niari, qu’un patient a présenté des premiers symptômes, le 30 juin dernier, avant que des cas similaires se déclarent à Pointe-Noire, Kouilou et Bouenza. La déclaration du gouvernement y relative faisait état, le 17 juillet dernier, de douze morts et 1 365 cas suspects.
L’accumulation importante de déchets sur les voiries urbaines, les odeurs nauséabondes persistantes ; la malpropreté, le manque d’hygiène, d’équipements sanitaires adéquats ; l’existence des canalisations d’eau inappropriées dans les différentes villes, ces indicateurs généralement reconnus pour identifier une situation d’insalubrité, rythment le quotidien des Congolais dans bon nombre de départements et quartiers populaires du pays. Les présentes épidémies en sont une illustration.
En effet, dans les nombreux marchés et sur les voies publiques au Congo, le spectacle est le même : les produits prêts à la consommation côtoient des tas d’immondices et les bacs à ordures débordent de saleté. En outre, ces endroits se transforment en urinoirs publics.
D’une façon générale, les décharges qui viennent des déchets ménagers contiennent beaucoup de matières organiques et beaucoup d’eau. Si le liquide résiduel qui provient du passage de l’eau à travers les déchets n’est pas bien traité, un réel risque pour la santé publique est inévitable.
Nous sommes sans ignorés que ce manque d’entretien accroit le risque d’apparition d’autres épidémies. Les règles d’hygiènes dont l’assainissement des voiries urbaines et le ramassage d’ordures doivent donc être de mise.
La passivité des citoyens et le laisser-aller des pouvoirs publics
Si les ordures s’accumulent dans les rues c’est aussi parce que les citoyens les déposent anarchiquement. Entre manque de civisme et perte de confiance dans l’Etat, son rôle reste à encadrer.
Deux phénomènes contradictoires apparaissent. A la fois, les gens veulent se débarrasser le plus vite possible de leurs poubelles, quitte à les jeter n’importe où et en même temps, beaucoup d’habitants ne supportent pas de voir ces poubelles étalées sur la chaussée. Le ras-le-bol des poubelles s’illustre donc dans un rejet total des déchets.
Le rapport du citoyen à ses déchets est aussi lié à la perception qu’il a de l’Etat et de son pouvoir. Entre la communication et l’installation matérielle d’outils, imposer le respect de la voie publique et de l’environnement est capital.
Si une police municipale formée spécifiquement pour la question de l’environnement doit voir le jour pour enrayer le phénomène des ordures dans l’espace public, il semble nécessaire qu’elle travaille avec les associations de protection de l’environnement qui œuvrent sur le terrain. Les questions d’assainissement des villes ne sauraient être une exclusivité des maires seuls.
Le système de collecte des déchets est un système complexe, qui fait intervenir de nombreux acteurs tant publics que privés. Même si, la responsabilité de la propreté semble se déplacer des municipalités vers l’Etat, ce dernier reste un acteur plus à même de coordonner les actions de chacun.
Le combat contre les épidémies ne pourra être gagné uniquement par des campagnes de vaccination et de sensibilisation. À côté de ces campagnes, il est urgent que de grandes opérations d’assainissement des marchés, de ramassage des ordures et tas d’immondices, de curage des caniveaux et l’application des mesures d’hygiène publique s’installent dans le temps et la durée.