Au cœur du marché intendance, le musée du patrimoine culturel des autochtones Aka reçoit régulièrement scolaires, étudiants, et touristes. Une impressionnante collection d’objets, retraçant la vie des peuples Aka via des photographies, ouvrages et vidéos projecteurs… Conçu et aménagé par Sorel, Eta ethnologue de la forêt selon ses propos, cet édifice est une façon pour lui de promouvoir la culture Aka, et le dialogue des cultures.
Isolé au milieu de la cour et encadré par des maisons modernes, le local qui abrite le musée du patrimoine culturel Aka est une petite bâtisse coloniale d’environ 10 mètres carrés, et pour l’ethnologue Sorel Eta, cela est amplement suffisant car l’important, dit-il, « est de faire découvrir au monde le quotidien des Aka, tout en mettant en valeur leur patrimoine pour que toute personne qui visite ce lieu s’imprègne de leur mode de vie». Mais l’ethnologue n’exclut pas pour autant l’idée d’agrandir ce bâtiment avec le temps puisque Joseph Perfection, un établissement scolaire fait régulièrement des visites avec atelier y compris dans l’enceinte du musée.
Dans la bâtisse, on trouve des objets de vie quotidienne (ustensiles de cuisine, armes de chasse, des photographies illustrant la vie des Aka dans la forêt, de la documentation écrite et des fichiers audios pour écouter la musique et voir des vidéos… Bien que le souci d’esthétique, ne soit pas réellement pris en compte, l’agencement d’objets posés çà et là, attire tout de suite l’attention des visiteurs qui se précipitent vers les différents étalageset sollicitent les explications du maitre des lieux. Sorel enthousiaste se lance dans de captivantes explications en nommant tour à tour, l’origine et l’utilité de chaque objet exposé.
Une visite qui met l’action sur l’interactivité dans la mesure où comme l’a indiqué Sorel « l’histoire n’est pas toujours un sujet passionnant pour les enfants, d’où le jeu de questions- réponsesquand je reçois les enfants…». C’est aussi pour l’ethnologue, une façon de transmettre les notions de tolérance et de diversité car dit-il « je voudrais qu’au sortir de cette balade autour de la société Aka, les enfants, adultes, africains, européens sachent qu’ils existent d’autres peuples, et qu’ils doivent apprendre à les accepter tels qu’ils sont ».
Par ailleurs, si les fréquences de visite sont régulières, elles se font cependant via des rendez-vous car Sorel, administrateur du groupe Ndima (musique Aka) est parfois entre les répétitions et les tournées mondiales. « Il suffit de m’appeler et le tour est joué. Je reçois toutes les personnes possibles, chercheurs, étudiants intellectuels ou non, adultes, enfants, en solo, ou en groupe, qui font des recherches ou s’intéressent tout simplement à ce peuple,» a indiqué Sorel qui est manifestement satisfait puisqu’après de longues années de recherches sur le peuple Aka, son travail est enfin perceptible aux yeux du monde. « C’était important pour moi de faire ce musée dans ce quartier (Talangai) parce que nous n’avons pas d’espèce culturel ici, et les élèves sont abandonnés à eux-mêmes. C’est pour cela que j’invite régulièrement les écoles de mon quartier car les enfants trouvent du plaisir au sortir de la visite. « Et je sais qu’ils apprennent plein chose ici» a témoigné Sorel.
Une renommée qu’il attribue à ses visiteurs car dit-il « Au-delà du travail ethnographique que je fais, je vais aussi un travail touristique. Je reçois beaucoup d’étrangers qui viennent découvrir le Congo, notamment le nord du pays, et plus particulièrement l’univers des autochtones. Pendant mes tournées avec le groupe Ndima je fais des conférences sur les autochtones notamment les peuples Aka d’Impfondo ». a longuement expliqué Sorel.
Qui est Sorel Eta
Historien de formation, détenteur d’un master en gestion de patrimoine, il a travaillé pendant un moment aux Dépêches de Brazzaville au sein du service culturel au musée Galerie du Congo. Puis l’aventure le mène vers d’autres cieux et plus particulièrement à Impfondo où il fait la rencontre du peuple Aka qui après plusieurs années d’amitié lui confie les secret de leur terroirs. Imprégné de cette culture, c’est alors que l’idée de créer ce musée voit le jour. « J’ai tout de suite flashé sur cette case. D’abord c’est un lieu historique puisqu’il date des années 45 et l’histoire raconte que dans ce secteur il y avait une poudrière et des militaires tchadiens en assuraient la sécurité à l’époque de l’Afrique équatoriale française. Et quand mon père a acquis cette parcelle les autres propriétaires ont détruit ces cases mais mon père a conservé la sienne. C’est vrai que ça fait environ 10 m2, mais comme j’aime le répéter, la grandeur d’un musée ne se mesure pas à sa dimension» a souligné Sorel qui a indiqué que le rôle d’un musée était avant tout celui de promouvoir et de mettre en lumière un patrimoine. Et c’est ce que Sorel prône via le musée du peuple Akaet sa musique. Il vient juste de publier un livre, « l’université de la foret : avec les aka, en culture pygmée, ouvrage qui a eu un bel accueil lors sa tournée en France et au Congo.
Photo: les autochtnes Aka dans leur environnement naturel ( Droits réservés)