Vaccins Mpox : Laurent Michel « Ce fut une véritable course contre la montre » Un premier lot de 99.100 doses de vaccin contre le Mpox a été réceptionné jeudi par le ministre de la Santé publique, hygiène et prévoyance sociale de la République démocratique du Congo (RDC), à l’aéroport international de N’djili à Kinshasa. Laurent Muschel, directeur de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) mise en place lors de la pandémie de Covid-19, en charge de l’acheminement de ces vaccins en RDC répond à nos questions.
Nouvelle République (N.R) : Quelle difficulté avez-vous rencontré dans l’acheminement de ces vaccins en RDC ?
Laurent Muschel (L.M) : nous sommes allés très vite puisque la déclaration d’urgence sanitaire au niveau continental et au niveau international a été faite à un peu plus de quinze jours seulement. Il a fallu négocier et acheter les vaccins à la compagnie Bavariens nordiques. Nous avons pu acheter tous les stocks qui étaient disponibles pour pouvoir les acheminés par ailleurs, il y avait également des contraintes en termes de responsabilité, de préservation de la chaine du froid, du dédouanement, cela était donc une véritable course contre la montre pour pouvoir les acheminés aussi rapidement.
N.R : Environ 100 000 doses de vaccins sont arrivées en ce jour, 200 000 d’ici la fin de la semaine, sur quoi est basé ce chiffre ?
L.M : Ce chiffre est basé sur les stocks disponibles de Bavariens nordiques en fait et nous avons pu acquérir l’ensemble des stocks qu’ils avaient de disponibles, maintenant ils ont relancé la machine de production pour produire des vaccins additionnels.N.R : Comment se fera l’administration de ce vaccin au vu des cas et des contaminations potentielles qui existent déjà en ce moment ?
L.M : l’idée c’est de cibler les foyers où il y a contaminations donc dans l’entourage familiale et cibler les régions où il y a le virus et prévalent notamment dans le sud du Kivu, dans la région Équateur etc. le ministère de la Santé travaille aussi avec d’autres partenaires notamment UNICEF, Africa CDC, l’OMS, pour mettre en place une stratégie et une micro planification parce qu’il faut aller jusqu’au dernier kilomètre pour pouvoir délivrer le vaccin aux personnes qui en ont plus besoin.
N.R : l’Union européenne va-t-elle poursuivre la collaboration avec les autorités congolaise pour acheminer les vaccins dans les provinces où le besoin se fait le plus sentir ?
L.M : nous sommes en train de discuter de financement additionnel avec d’autres services de la Commission européenne pour voir comment soutenir le gouvernement pour l’acheminement des vaccins.
N.R : les autorités congolaises ont alerté il y a déjà plusieurs mois sur cette maladie de la variole du singe. Pourquoi ces vaccins n’arrivent -il que maintenant et pas avant ?
L.M : Ces vaccins n’arrivent pas un peu tard, car ils sont arrivés quand l’urgence a été déclarée au niveau continental. Il faut qu’il y ait une urgence globale pour que nous puissions déployer les vaccins ; c’est pour cette raison qu’on a dû attendre cette déclaration pour mettre en œuvre ce processus de donations.N.R : maintenant que les vaccins sont livrés, qu’est-ce qui est prévu en termes de soutien à la production locale de vaccins et surtout en RDC qui est l’épicentre de la maladie ?
L.M : la production locale de vaccins, pourrait être sur le plus long terme. Nous avons soumis à l’Union européenne le développement de capacités de production de vaccins en Afrique. C’est le projet MAV plus et l’Union européenne a octroyé avec les États membres plus d’un milliard 300 millions d’euros pour le développement de production de vaccins en Afrique. Des efforts de recherche sont consentis à ce jour pour développer des nouvelles solutions vaccinales.
N.R : Ce vaccin est recommandé seulement aux adultes pas les enfants, vous le confirmer ?L.M : Oui tout à fait. Le vaccin a été autorisé en Europe et aux États-Unis pour les adultes. Il faut savoir qu’à l’époque quand on a eu la première crise Mpox il y a deux ans, c’était un autre variant, qui avait affecté les adultes en grand nombre, voilà pourquoi le vaccin a été autorisé pour les adultes. Actuellement, l’agence européenne des médicaments a reçu un certain nombre de données additionnelles scientifiques et fait une analyse pour voir si ce vaccin pourrait être administré pour les adolescents entre 12 et 17 ans et on devrait avoir la réponse et l’autorisation de l’agence européenne des médicaments d’ici à la fin du mois.N.R : cela pourrait élargir la capacité de vaccinale ?
L.M : Pour les enfants de moins de 12 ans, il y a des essais cliniques qui sont en cours, notamment en RDC pour voir l’efficacité du vaccin et le dosage adéquat, puisque pour un enfant en bas âge, on ne va pas administrer la même quantité de vaccin. Ce travail est donc en cours et j’espère que d’ici à la fin de l’année on aura un vaccin adapté aux enfants.
Propos recueillis par Anna Kidissa