Brazzaville a abrité, du 2 au 5 juillet, la première Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR). Cette rencontre a permis aux délégués à ces assises de dresser le bilan de l’afforestation et du reboisement à l’échelle mondiale en vue d’adopter une stratégie commune de lutte contre les changements climatiques et la déforestation.
A l’issue des travaux, à huis clos du segment présidentiel, les Chefs d’Etat ont publié une déclaration dite « Déclaration de Brazzaville ».Dans cette déclaration, les dirigeants africains ont recommandé l’inscription de la Décennie africaine et mondiale d’afforestation et du reboisement dans l’agenda des Nations Unies par l’adoption d’une résolution à la 79èmeAssemblée Générale. Cette résolution permettra aux pays du monde d’endosser officiellement cet engagement. La déclaration de Brazzaville résume ainsi l’ensemble des travaux de la CIAR.
De même, les délégués ont pris l’engagement d’institutionnaliser cet évènement à travers son organisation biennale et rotative d’un continent à un autre. Au regard de l’urgence climatique, la responsabilité collective pour une prise de conscience effective a été une fois de plus interpellée. Les paroles, les conférences et les sommets devraient désormais céder la place à l’action.
Chaque année, plus de dix millions d’hectares de forêts disparaissent à travers la planète à cause des pressions démographiques, des activités industrielles, de l’exploitation illégale des forêts et de la pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis. Dans certaines régions du monde, l’approvisionnement des grandes agglomérations en bois de chauffe constitue l’une des principales causes de la déforestation. La demande de ces produits forestiers continue à augmenter entrainant ainsi de nouvelles disparitions des forêts. Ces pertes d’hectares des forêts engendrent des conséquences désastreuses sur le climat, la planète et la santé humaine.
Pour juguler cette crise climatique, le Congo propose une thérapie pour étendre la couverture planétaire. « Pour conjurer la menace climatique, l’alternative serait l’extension de la couverture mondiale à travers la promotion des plantations forestières et agroforestières. La préservation des forêts, notamment les forêts tropicales, s’avère nécessaire, parce que leurs écosystèmes naturels constituent des véritables puits de séquestrations des gaz à effet de Serre », a déclaré le ministre congolais de l’économie forestière, Rosalie Matondo. Ainsi, l’importance de la forêt dans la vie de l’homme et pour la survie de l’humanité a été au cœur de toutes les déclarations et interventions des délégués à la première Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement.
Dans son intervention, le président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faaki Mahamat, a montré que les conséquences du réchauffement climatique impactent plus le continent africain avec plus de 130 millions d’hectares des forêts disparues depuis 1990.
« Cette déforestation rapide et à grande échelle a entrainé des changements climatiques majeurs avec les conséquences dramatiques sur le monde. Aucun continent n’est épargné. Toutes ces intempéries se conjuguent dans une encombre symphonie entrainant la planète dans un cycle infernal d’autodestruction. L’Afrique est la partie du monde la plus impactée par les changements climatiques. L’enjeu majeur aujourd’hui est non seulement de stopper la disparition des forêts, mais de restaurer celles qui ont disparues, de conquérir d’autres espaces pour en créer des nouvelles. L’exemple qui vient de nous être montré au Congo est à suivre », a insisté Moussa Faaki Mahamat.
Le président de la commission de l’Union Africaine a aussi déploré l’absence des financements, les promesses non tenues par la communauté internationale, pour lutter contre les changements climatiques qui impactent négativement la planète.
« Notre continent est suffisamment outillé pour mener de nécessaires combats de renaissance forestière. Ce combat passe par l’application rigoureuse et sans complaisance des textes nationaux et internationaux sur la gestion, la restauration et la protection des ressources forestières ainsi que la préservation des terres dégradées. Ce combat nécessite aussi et surtout des moyens financiers considérables. Malheureusement, des différentes promesses dont le fonds vert pour le climat créé par les Nations Unies pour aider les pays les plus vulnérables à lutter contre les effets des changements climatiques et la déforestation n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Comme le terroriste, la lutte contre la dégradation du climat par son caractère trans-national et trans-international nécessite la conjugaison des efforts, des énergies et des stratégies. Ce combat passe enfin par la mobilisation générale de la communauté internationale », a martelé, Faaki Mahamat.
De son côté, le Président, Denis SASSOU-N’GUESSO, qui a présidé les travaux du segment présidentiel, a déclaré que devant l’urgence climatique, l’afforestation et le reboisement constituent les leviers essentiels de l’action mondiale pour réguler l’équilibre carbone de la planète. Les arbres accélèrent les différents processus de rétablissement et de régénération. De même, ils rendent l’air plus sain et constituent des réservoirs de séquestration de carbone. Ils contribuent à la réduction de gaz à effet de serre. Pour le chef de l’Etat congolais, l’arbre est un compagnon indéniable de l’homme.
« Dans notre culture, l’arbre est un compagnon inséparable de l’homme. Plus qu’un symbole, l’accompagnement de l’être humain par l’arbre se révèle incontournable dès lors que la forêt incarne tout à la fois, la médiation et le dialogue. C’est sous l’arbre à palabres, véritable institution traditionnelle que sont trouvées les solutions les plus inattendues aux problèmes du village. La forêt ne sera plus uniquement une ressource pour son bois, mais encore davantage par l’action exercée sur la vie en société et l’oxygène vitale qu’elle libère pour la survie de l’humanité. Par ailleurs, les forêts confèrent de nombreux avantages en matière de santé. Selon certaines études, un produit pharmaceutique sur 4 est fabriqué à base d’arbres, grâce à leurs propriétés médicinales largement reconnues depuis la nuit des temps », a martelé Président Denis SASSOU-N’GUESSO.
Dans le combat de lutte contre les changements climatiques, Denis SASSOU-N’GUESSO a déploré l’absence, parmi les Agences, les Fonds et les Programmes spécialisés du système des Nations Unies, d’un organisme international spécifique se consacrant entièrement aux questions des forêts. A ce sujet, le chef de l’Etat congolais est optimiste. Denis SASSOU-N’GUESSO table sur la finance carbone qui pourrait soutenir les projets d’afforestation et de reboisement à travers des incitations et des compensations financières dédiées.
Ainsi, le président congolais appelle la communauté internationale à l’action. « Le moment est venu, par l’extension plus accrue et accélérée des forêts et les autres aires boisées, pour que la terre devienne la planète verte, couleur du règne végétale, de l’espérance et de la prospérité. Un tel rêve pourrait être porté par une ambition à la portée de l’humanité. Pour notre survie collective, il convient aussi d’identifier des réponses viables à la question du financement de l’afforestation et du reboisement », a insisté le Président congolais.
La CIAR a regroupé plusieurs membres du gouvernement des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique, des représentants des organisations nationales et internationales, des missions diplomatiques accréditées au Congo, des représentants du secteur privé, de la société civile et des communautés locales et des populations autochtones. Les chefs d’Etat présents à ces assises ont marqué leur empreinte par le planting d’arbre dans l’enceinte du centre international de conférence de Kintélé.
Par Flore de Jésus et Orland