Sa mission apporter son expertise à la Wildlife Conservation Society (WCS), organisation qui gère le Parc National Nouabela Ndoki pour appuyer les agents de l’Etat dans la procédure légale contre les braconniers. Juriste de formation Joël Lenka nous fait le point sur sa mission au sein de ce parc inscrit patrimoine mondial de l’UNESCO.Nouvelle Republique : Quel est votre rôle au sein du Parc National Nouabéla Ndoki ?Joël Lenka : Mon rôle est assez large, j’appuie les agents de l’économie forestière, qui s’occupent du service de la conservation, de la biodiversité dans les questions de procédures légales, dans l’application de la loi, d’autant plus que le service protège et surveille les activités de lutte anti braconnage, donc ce qui conduit souvent à des interpellations et à l’élaboration des procédures qui seront présentées devant le procureur. En fait nous apportons notre expertise sur les procédures judiciaires, Nouvelle Republique : Quelle est la spécificité de ce parc ?Joël Lenka : Créer en 1993, le parc Nouabalé-Ndoki est l’une des forêts tropicales les plus intactes du bassin du Congo abritant une population cruciale de grands mammifères emblématiques et menacés telles que les gorilles des plaines de l’Ouest, les chimpanzés et les éléphants de forêts. Il est situé à plus de 900km au nord de Brazzaville et c’est le seul dans la sous la région qui ne soit pas habité par l’humain contrairement à d’autres parcs. Bref, tous les villages autour du parc se trouvent à plus d’une dizaine de kilomètres.Nouvelle Republique : Les communautés environnantes profitent-elles de la renommée de ce parc ?Joël Lenka : On ne peut pas conserver sans impliquer la communauté vous allez comprendre que parmi les trois départements de base, qui anime le parc, en dehors de celui de la protection, nous avons celui de la recherche scientifique et un grand département chargé de développement communautaire qui accompagne les communautés dans l’accomplissement de certaines activités rémunératrices de revenue afin de les désintéresser à la chasse illicite dont ils elle était dépendante avant la création du parc. Et ces communautés bénéficient de plusieurs avantages comme l’appui à la scolarité (nous avons des écoles qui ont été construites, la structures payent les enseignants, les enfants sont encadrées), l’appui à la santé (nous avons un grand de centre intégré qui prend en charge les indemnités des agents qui y évoluent), l’appui au financement des petits projets.Nouvelle Republique : Y a-t-il au sein du parc Nouabéla-Ndoki, des espèces en voie d’extinction ? Joël Lenka : Les tendances varient selon les periodes, jusque dans les années 2020, la ménace était beaucoup plus portée sur l’éléphant, parce qu’à l’époque le marché de l’ivoire était très prisé, mais depuis un moment ça s’est estompé puisque des réseaux ont été décelés et les malfaiteurs arrêtés. Aujourd’hui, c’est au petit gibier qu’ils se sont tournés juste pour la consommation et se fait aux frontières de la RCA et du Cameroun.Nouvelle Republique : Quelles sont les sanctions encourus par les braconniers ?Joël Lenka : La loi 37/2008, prévoit tout un panel de sanctions, les sanctions vont de 0 à 5 ans d’emprisonnement selon l’infraction commise, quand une infraction porte sur une espèce protégée, vous encourez cinq ans d’emprisonnement ferme plus les amendes, quand elle est sur une espèce partiellement protégée, c’est dix-huit mois d’emprisonnement ferme, donc l’infraction varie selon l’espèce, selon l’outil que vous utilisez, et aussi selon la zone de chasse, puisqu’il est interdit de chasser dans une aire protégée et peu importe l’espèce que vous avez abattu vous courez la peine maximale c’est-à-dire cinq ans. Nouvelle Republique : La loi existe certes, mais est-elle appliquée conformément? Joël Lenka : Oui depuis notre arrivée, la loi est observée. Si avant, les poursuites n’aboutissaient pas c’est que la loi était peu connue des agents. Aujourd’hui avec la connaissance de la loi, les agents mesurent bien la teneur ou la gravité de l’infraction. Et avec la mise en place des compagnes de sensibilisation, impliquant tous les acteurs de la loi, nous arrivons à obtenir des peines et c’est déjà une grande avancée. Nouvelle Republique : L’application de la loi, a-t-elle réussi à décourager les braconniers ? Joël Lenka : L’application de la loi est un processus de dissuasion, notre souhait n’est pas de faire une course contre les braconniers, mais de lutter pour la conservation des espèces. Effectivement quand la loi est appliquée, on atteint un niveau de peines élevées et on a de moins en moins d’attaque sur les grands mammifères et sur l’utilisation des armes de guerre. Il y a aussi le trafic qui est sévèrement réprimé et la commercialisation interdite. En période de fermeture (01 novembre au jusqu’au 30 avril) de chasse, il est aussi interdit de chasser.Nouvelle Republique : L’accès à ce site est –il facile ?Joël Lenka: Au sein du parc Nouabéla Ndoki, il y a tout un département qui s’occupe du tourisme, et tout le cadre est créé sur le plan administratif, juridique et logistique puisque nous accompagnons les touristes peu importe le lieu où ils se trouvent jusqu’au parc. Tous les mécanismes ont été mises en place afin d’encourager et d’accompagner les touristes durant leur séjour. Le prix est dérisoire, notre politique consiste avant tout à encourager les congolais à venir découvrir ce magnifique site car le parc est tout aussi national. Nouvelle Republique : Les espèces en voie de disparition ?Joël Lenka : Il y a le perroquet qui n’est pas intégralement protégé mais suite aux rapports scientifiques réalisés tout dernièrement, il a été recommandé à chaque pays de classer cette espèce parmi celles qui devraient être entièrement protégée, parce qu’il subit une grande menace. Propos recuillis par Annette Kouamba Matondo