Récemment, le gouvernement s’est engagé à travers un plan de résilience afin de lutter contre la vie chère et consolider le pouvoir d’achat des Congolais. Seulement, cette mesure semble ne pas produire les résultats escomptés. Dans cet entretien, le président de l’Association congolaise des consommateurs (ACC), Gelasse Éric Malonga-Malonga a déploré l’incompétence des contrôleurs du ministère du commerce sur le terrain. Tout en appelant le gouvernement à prendre ses responsabilités, il exhorté les consommateurs à plus de vigilance. Parce que, souligne-t-il, « le policier de la consommation, c’est le consommateur lui même». Interview !
La Nouvelle République (LNR) : Monsieur le président, comment se porte le panier de la ménagère congolaise ?
Gelasse Éric Malonga-Malonga (GEMM) : Depuis l’époque de la covid jusqu’alors, le gouvernement avais mis sur pied un plan de résilience suite à nos pressions. Le 30 septembre 2020, le ministre des finances était obligé de prendre une circulaire portant exonération des prix des denrées alimentaires de première nécessité que le Congo importent. Cette circulaire est arrivée dans les administrations de douanes, une semaine après. Nous sommes à plusieurs mois sans que rien ne se fasse. Normalement, les prix devraient baisser sur le marché. Parce que, le gouvernement avait pris une mesure relative au gel de prix des denrées de première nécessité. Seulement, le constat sur le terrain est très amer. Nous avons constaté que les prix fixés par la note ministériel ne sont pas respectés, ni par les détaillants, ni par les grossistes. Ces deux catégories de commerçants s’accusent mutuellement. A Brazzaville, le prix du kilo de la cuisse de poulet qui devrait coûter 1000 f Cfa, est vendu à 1400f Cfa.
Le premier ministre s’est déporté au niveau de Pointe-Noire, le 13 janvier 2023, pour rencontrer les importateurs afin de connaître leurs soucis. Malheureusement, aucun d’eux n’a dit mot. Alors, on ne comprend plus la cause de cette inflation. Le gouvernement, en conseil des ministres, a promis mobiliser 300 agents du ministère du commerce qui vont prêter serment pour y faire face. On attend de voir donc. Ce qu’il faut déploré est que les agents du commerce intérieur, que j’appelle « les hommes en vert citron », n’ont plus d’influence sur le terrain. Ils n’arrivent pas à faire appliquer une décision gouvernementale qui fait bien partie de leurs missions régaliennes. La gendarmerie et la police devraient elles aussi s’impliquer pour l’exécution effective de cet arrêté. À Dolisie, comme à Pointe-Noire les consommateurs se plaignent de la mauvaise santé du panier de la ménagère. Il revient donc au ministre d’État, ministre du commerce, des approvisionnements et de la consommation de prendre ses responsabilités.
LNR : Avez-vous des suggestions à faire au gouvernement pour pallier à cette inflation qui ne fait perdurer?
GEMM: Oui, on ne cesse de proposer des pistes de sortie de cette crise qui impacte fortement le panier de la ménagère. Notre principale suggestion à l’endroit du ministère du commerce, c’est la pérennisation du fonctionnement de la Cellule de veille. Puisque, les agents du ministère chargés de veiller sur l’application du plan de résilience, se sont comme familiariser avec les commerçants. Cette cellule mixte sera composée des représentants du ministère du commerce, des associations des consommateurs. Elle travaillera de façon permanente, en effectuant des descentes sur le terrain pendant au moins un trimestre.
LNR : Quelle appréciation faites-vous de l’augmentation du prix du carburant à 5%, opérée par le gouvernement?
GEMM: L’augmentation des prix de l’essence et le gasoil font partis des recommandations du Fond Monétaire International (FMI) qui exigeait 50%, comme en République Centrafricaine. Les prix des autres carburants à l’instar du gaz et du pétrole lampant resteront intacts. C’est le chef de l’État qui a plaidé auprès des institutions financières internationales que le Congo ne pouvait augmenter l’essence et le gasoil qu’à 5%. Je pense que le gouvernement a su jouer sa carte à ce sujet, pour éviter une éventuelle grogne sociale. Pour cela, nous avons demandé au gouvernement de prendre des mesures d’accompagnement, notamment la suspension ou la suppression de la taxe de roulage. D’autant plus que les routes sont de plus en plus dégradées. Ce qui revient à dire qu’un arrêté doit être rendu public avant le 31 janvier, date d’entrer en vigueur de cette augmentation du prix de carburant.
Parallèlement, il faut alors intensifier la communication afin de barrer la route aux citoyens de mauvaise foi, qui tenteront d’augmenter le prix du transport. Le gouvernement a promis mettre en place un numéro vert afin de permettre aux consommateurs de dénoncer les abus qui pourront découler de cette décision. Cela est à saluer.