Pendant les élections au Congo, on constate l’implication de la jeunesse qui se traduit par leur motivation pendant les campagnes. Ils participent à l’élaboration des stratégies dans de nombreux partis politiques tout en espérant voir les choses changer un jour. La question qu’on se pose souvent est celle de savoir pourquoi finissent- ils toujours par être découragés. Est-ce une question de financement, de parrainage ou d’immaturité ?
Au Congo, 75% de la population est jeune. Pour la jeunesse, la politique est une affaire de « vieux », mais d’après la constitution du 25 octobre 2015, à partir de 18 ans, un jeune peut se présenter aux élections législatives et locales et à 30 ans l’on peut se présenter à l’élection présidentielle.
Pour l’élection législative, il faut verser une somme de 1.500.000 francs CFA et 500.000 pour les locales, 25.000.000 pour la présidentielle. DESTIN GAVET, président du Mouvement républicain se pose la question sur cette exigence : « Les critères mis dans la constitution ont pour but de lorgner ou draguer la jeunesse, quel est donc ce jeune qui peut avoir ces sommes sur lui, la jeunesse est confrontée au chômage. Tous les partis politiques, poursuit-il, sont dirigés par les seniors, aucun jeune de moins de 35 ans. Nombreux s’engagent à la politique pour des intérêts financiers. C’est la raison pour laquelle ils accourent vers le parti au pouvoir parce qu’ils voient les avantages », dit-il. Selon le président du Mouvement Republicain, 95% de ces jeunes sont récompensés en monnaie de singe, alors que dans les partis d’opposition, l’effectif laisse à désirer.
Aux élections locales et législatives du 10 juillet dernier, le pourcentage des jeunes était de 5%. Le président d’un parti politique ne pose pas sa candidature pour faire la figuration, le but est de gagner : « Je suis sorti de ces élections déçu pour deux raisons : premièrement, le plafonnement des dépenses liées à la campagne électorale n’est pas encore fixé jusqu’alors, c’est pourtant une recommandation qui date des concertations précédentes. Malheureusement, cela n’a jamais pris effet ; deuxièmement par la jeunesse qui face au gain facile est capable de trahir ses aspirations, ses difficultés, ses souffrances, pour 2000 ou 1000 Francs CFA qui ne lui serviront qu’un jour», a signifié Destin GAVET, candidat malheureux de Dolisie aux législatives et locales de juillet 2022.
Pour Derick Préfet Moukiama, candidat indépendant à la circonscription Tié Tié 2 à Pointe-Noire, « La jeunesse congolaise manque de conscience politique, elle ignore l’enjeu politique, ce qui m’a fait buter, c’est la clarté, je n’ai pas voulu user de corruption, les électeurs en demandaient au sortir du vote, l’élection n’a plus sa liberté, on se sacrifie pour bénéficier de l’inconscience de la jeunesse qui ne pense qu’au présent et non le futur », a-t-il dit. La maturité et la sagesse n’est autre qu’un état d’esprit. Pourtant les mêmes stratégies sont élaborées par des jeunes comme des seniors, pourquoi ceux-ci sont-ils privilégiés ?
Derick Moukiama a aussi éclairé la lanterne sur l’engagement politique : « On ne vient pas en politique pour se faire de l’argent », pense-t-il avant de poursuivre, « la politique n’est pas un métier. En venant en politique il faut une certaine expertise avant tout et une volonté de servir la République et non de se servir de la République. En venant en politique vous héritez de qui pour prétendre s’enrichir dans la politique? À moins de le faire en puisant dans les caisses de l’état. Ce qui va à l’encontre des principes élémentaires exemplarité et d’éthique ».
La mission revient, donc, au ministère de la jeunesse d’organiser des assises avec la jeunesse en vue de sensibiliser et susciter une prise de conscience politique de la jeunesse congolaise.