Exploitées, sous payées, et n’ayant pas de perspectives d’avenir, les domestiques ou femmes de ménage, familièrement appelées «bonne» sont embauchées de bouche à oreilles (avec ou sans contrat). Travaillant à longueur de journée sans relâche, elles n’ont de choix que de continuer pour être à l’abri du besoin.
«Quand j’ai commencé à travailler, il était prévu que je finisse à 17h par malheur ma patronne ne tenait pas compte de cela, dès fois je restais jusqu’au 21h chez elle, et le comble, elle ne me payait que le déplacement alors que je venais de faire des heures supplémentaire », a fait savoir Noëlle Bassissa, la quarantaine qui a été recrutée par son employeur il y a plus de 6 ans en tant que nounou mais a dû accumuler des tâches supplémentaires en tant que femme de ménage et de cuisinière.
«Cette fois si je dois travailler au sein d’un ménage, il faut que j’ai un contrat en bonne et due forme, avec un droit de congé», a fait savoir Noëlle (qui a démissionnée à la suite d’un malentendu avec sa patronne) qui est en chômage et compte bien se reposer avant d’envisager de nouveau à retravailler.
«Ma mère a besoin d’aide à la maison, femme active, elle rentre souvent tard à la maison et c’est la bonne qui s’occupe de tout, mais parfois je suis obligée de mettre la main à la patte quand je remarque qu’elle est épuisée», a reconnu Rolande (fille de la patronne) âgée de 16ans en classe de seconde. De la ménagère, à la cuisinière en passant par nounou, la femme de ménage couramment désignée «bonne» ou «femme à tout faire», selon l’opinion populaire est une personne de plus en plus importante dans la vie de plusieurs ménages modernes congolais.
Et plusieurs employeurs trouvent presque normal de léguer toutes les taches ménagères à ces derniers. «Jamais je ne pourrai demander à ma ménagère de nettoyer mes sous vêtements ou encore de faire mon lit ; il s’agit tout de même de mon intimité», a avoué Nelly qui chouchoute sa ménagère qui s’occupe précisément de trois enfants et de la cuisine et cela depuis treize ans.
Consciente du volume de travail de sa ménagère au quotidien, Nelly n’a pas lésiné en ce qui concerne son salaire «elle a un salaire mensuel fixé à 90.000 francs CFA par rapport à ses heures de travail, et les primes ou extras en fonction des dépassements d’horaires ou des jours fériés pour lesquels, elle serait obligée de travailler».
Cuisinière, ménagère et nounou, trois fonctions bien distingues qu’accumulent la plupart du temps ces femmes employées dans les ménages. Les yeux cernés et rouges. Solange la cinquantaine dit travailler de 8H à 18h, et arrive parfois aux alentours de 21H selon le programme et l’humeur de sa patronne, «je n’ai pas le choix, mon mari est au chômage et j’ai trois bouches et demie à nourrir car ma fille âgée de 16 ans est enceinte ;je ne peux pas croiser les bras», explique Solange qui a été embauchée par une structure de la place (dont elle tait le nom) qui lui a servi d’intermédiaire avec sa patronne.
Nelly quant à elle a trouvé une alternative pour alléger le volume de travail de sa ménagère.
«Maintenant qu’on est dans une plus grande maison et que le nombre des enfants a augmenté, cela implique une plus grande charge de travail, nous avons recrutés une deuxième personne qui aide Ma Rosy. Elles se repartissent les taches sur la base d’un emploi du temps hebdomadaire».
Heureusement toutes ne sont pas sous payées et certaines bénéficient parfois même d’un traitement de faveur de la part de leur employeurs «ma ménagère est passée de 30.000 francs CFA à 90.000 francs CFA , (alors que le salaire minimum d’une «bonne» est de 50.000 dans la majorité des ménages congolais), en fait on l’augmente de 5000 le premier janvier de chaque année et elle échelonne ses congés durant l’année en fonctions de ses propres besoins, et des notres», a fait savoir Nelly dont la bataille aujourd’hui reste à la CNSS. «C’est une démarche que nous avions entreprise, abandonnée à causes des multiples tracasseries administratives et que nous comptons relances cette année afin de la mettre à l’abri de tous besoin lors de sa retraite».
Des nouvelles alternatives dans le secteur
Le salaire des femmes de ménage, une question qui concerne à trouver des solutions (mais restent à améliorer) avec l’apparition des «Prest à dom» qui sont des structures qui mettent des femmes de ménages et des techniciennes de surface à la disposition de certains cadres d’entreprises pour les sociétés. Seulement la sempiternelle question de la rémunération n’est toujours pas réglées et certaines femmes continuent à travailler sans contrat et ne sont pas payées par leurs employeurs mais par intermédiaires de ceux qui les embauchent. Jules Mbama, chauffeur de bus est quant à lui indigné par rapport au salaire (une somme qui n’a pas voulu dévoiler) que perçoit sa femme son épouse.
Conscient du dur labeur qu’effectue sa femme au quotidien en tant que ménagère dans une structure privée de la place, il déclare «ma femme est tout le temps fatiguée quand elle rentre, de plus, son salaire n’est pas conséquent, alors qu’elle a été recrutée grâce à une structure de la place qui avait CV, alors que dans ses prestations, elle avait un entretien direct avec sa patronne».De même l’association pour la défense des droits des techniciens de surfaces,(assistée parfois des juristes,) mène la même bataille en vulgarisant les droits des personnes évoluant dans ce domaine avec des conseils pratiques selon les cas, afin ceux-ci puissent être en mesure de revendiquer leurs droits.
De même, le discours prononcé par le président de la république à la nation, en décembre 2012, où il a été donné instruction aux ministères des finances et de la fonction publique de revaloriser de 15% le salaire minimum des agents de l’état de telle sorte qu’à compter de janvier 2013, le plus faible gain mensuel d’un agent de l’Etat serait de 90.000 francs CFA. «Une décision qui n’est pas encore effective jusque-là», a fait savoir Henriette Louzolo technicienne de surface au sein d’une structure publique de la place.
Annette Kouamba Matondo